On croit parfois connaître sa vie par cœur. Une routine bien huilée, un mari qui coche toutes les cases, deux petites filles qui rient trop fort, et ce sentiment rassurant que “tout va bien”. Clara, 36 ans, pensait exactement ça. Une vie simple dans une petite ville française, un quartier calme, des dimanches au marché, des soirées cinéma avec les jumelles… Bref, une carte postale.
Et puis, sa grand-mère Élisabeth est décédée.
Pas un choc brutal, plutôt cette tristesse lourde, celle qui s’installe dans le corps et transforme chaque pièce en souvenir. La maison de sa grand-mère, sur une colline entourée d’hortensias, c’était son refuge d’enfance : les biscuits à la lavande, les tasses dépareillées, l’odeur du thé… un endroit qui racontait l’amour sans faire de bruit.
Sauf que Julien, son mari, n’avait qu’une seule idée en tête : vendre. Vite.
Quand une phrase fait tout basculer

« On a besoin de l’argent, pas de souvenirs. »
Sur le moment, Clara reste muette. Il vient à peine de se passer trois jours. Elle est en plein chagrin. Et lui parle déjà de “rentabilité”, de “travaux”, de “retard”. Elle se dit qu’il est stressé, qu’il veut protéger la famille… vous savez, ces excuses qu’on se sert quand on aime, et qu’on ne veut pas voir les signaux.
Puis une voisine, Mme Caron, l’arrête au portail, nerveuse.
« Si seulement vous saviez ce que votre mari faisait ici… alors que votre grand-mère était encore en vie. »
Et elle glisse une vieille clé dans sa main. La clé du grenier.
À ce moment-là, Clara sent quelque chose se fissurer. Pas une preuve. Pas encore. Mais une intuition, nette, froide : il y a une histoire qu’on ne m’a pas racontée.
