Mais pas de redresser les comptes des retraites, et plus généralement les comptes publics, sur le long terme. « Au fur et à mesure que les nouveaux retraités, qui n’auront pas été désindexés, vont arriver à la retraite, l’effet va s’estomper. Ce n’est pas une solution pérenne pour redresser le système. » Sauf à désindexer en permanence les pensions, ce qui finirait par réduire trop fortement les pensions de base et à appauvrir les retraités. De plus, cette mesure impacterait légèrement plus fortement les 50 % des retraités qui sont déjà les plus pauvres, posant donc potentiellement un problème de répartition de l’effort budgétaire.
Autre solution étudiée par l’IPP : supprimer l’abattement fiscal de 10 % dont bénéficient les retraités. Aujourd’hui, un retraité n’est imposable que sur 90 % de sa pension de base. Passer à 100 % permettrait donc, mathématiquement, d’augmenter les recettes publiques issues de l’impôt sur le revenu. « Cette mesure entraînerait une hausse des recettes fiscales à hauteur de 4,6 milliards d’euros », notent les auteurs de l’analyse, auxquels il faut ajouter une baisse des dépenses de 400 millions liée à une réduction des aides au logement (AL) « car la base de ressources utilisée pour leur calcul correspond également aux revenus après abattement de 10 % ». Avec un revenu pris en compte plus élevé, le montant des aides diminuerait donc. Au total, supprimer ces 10 % d’abattement permettrait donc à l’Etat d’économiser 5 milliards d’euros en 2026, et plus sur le long terme.
Une question d’arbitrage
« Il n’y a pas de raison que les retraités, qui ont un niveau de vie à peu près égal celui des actifs, ne contribuent pas à l’effort de redressement du pays », approuve Bertrand Martinot qui se dit, en ce sens, « favorable à la suppression de l’abattement ». D’autant plus qu’il s’agit d’une mesure qui permettrait d’augmenter également sur le plus long terme les recettes de l’Etat, si elle venait à être pérennisée. « Cette niche fiscale a été créée dans les années 1970, à l’époque où les pensions étaient très faibles. Aujourd’hui, elle n’a plus de raison d’être », rappelle l’économiste.
Problème : augmenter les recettes permet certes de compenser une partie du dérapage des finances publiques mais ne permet pas, à terme, de contrôler les dépenses. « Même en supprimant des niches fiscales de tous les côtés, le souci se situe du côté des dépenses. Vous pouvez toujours augmenter les recettes, mais à un moment, pour véritablement redresser les comptes, il va falloir diminuer les dépenses », martèle Bertrand Martinot. Supprimer l’abattement fiscal, oui, mais en doublant cette mesure d’économies sur les
