Hommes : comment peuvent-ils aimer et tromper à la fois ?

on cas est à l’opposé du précédent. Ni dragueur, ni volage, ce n’est pas un mari qui a peur de s’engager, ni de tenir sa parole. Son problème :  c’est un homme qui aime l’amour et quand il aime une femme, il peut s’éprendre d’une autre tout en continuant d’aimer la première. Il s’agit donc d’un homme à fidélités multiples.

Il peut donc aimer et tromper à la fois…

Effectivement. Il ne trompe pas parce qu’il a cessé d’aimer ou parce qu’il est insatisfait. Sa polygamie est, au contraire, le résultat de son besoin d’aimer. Quant à son incapacité à quitter, elle est le signe de sa peur de rompre.

À vous lire, si la fidélité est une exception, elle est aussi très souvent pathologique…

Disons que je me méfie des fidélités contraintes, c’est-à-dire des hommes qui ne trompent pas parce qu’ils sont captifs de leur histoire familiale, de leur structure et de leur caractère. Ainsi, certains parlent de la fidélité comme d’une éthique. Or, refouler sa libido et ses pulsions parce qu’on est pris dans un carcan moral est à l’origine de bien des violences et névroses : le « devoir » a conduit, et conduit encore, de nombreux hommes à exprimer leur souffrance de manière sournoise ou, au contraire, à s’enfermer progressivement dans la dépression…

N’y a-t-il donc pas de fidèles heureux ?

La fidélité n’est pas toujours un symptôme et il existe évidemment des hommes fidèles par amour. Pour eux, rester loyaux à leur femme n’est pas de l’ordre de l’injonction mais plutôt de l’idéal, de l’art de vivre… Mais je dirais que ceux-ci sont presque toujours des hommes mûrs.

Votre livre s’achève sur un constat surprenant : les femmes ne seraient jamais les uniques responsables de l’infidélité de leur conjoint. Qu’elles soient tendres et sensuelles ne changerait rien…

Si les femmes pouvaient être capables de ne pas se sentir responsables et coupables de toute la sphère affective qui les entoure – qu’il s’agisse de l’amour de leur compagnon, de leurs enfants, de leurs parents… -, cela soulagerait énormément leur existence. Il est donc essentiel que chacune comprenne qu’être un homme n’est pas simple. Reposant sur la peur de ne pas être à la hauteur, la construction identitaire masculine est, en effet, une longue série d’épreuves. Pas étonnant, dès lors, que beaucoup d’entre eux, confondant masculinité et virilité, soient dans l’impossibilité de renoncer à la liberté de séduire. La disponibilité sexuelle devient alors la seule issue pour ceux que taraude la crainte de la castration… Que l’on cesse donc de s’inquiéter : on peut être bonne mère, bonne épouse, bonne amante et être cocue sans que cela signifie que l’on ne nous aime pas.

Propos recueillis par Stéphanie Torre