Le moment où tout s’effondre

Adossée au mur du couloir, Camille écoutait, le souffle court. Chaque mot était une piqûre. Une trahison qu’elle n’avait pas vue venir, elle qui pensait que leur vie, malgré ses hauts et ses bas, reposait encore sur un amour vrai.
Puis une simple phrase acheva de briser son cœur :
« Je lui dirai après notre week-end. Elle s’en remettra. »
Les larmes ne sont pas montées tout de suite.
La transformation silencieuse
Elle ressortit sans un bruit. Erra sans but jusqu’à un petit parc du quartier. Assise sur un banc, elle regarda les feuilles voltiger au gré du vent, comme si la vie continuait, imperturbable.
Et dans ce calme, quelque chose a changé en elle. Une pensée claire, nette, comme une évidence : Je refuse d’être celle qu’on plaint. Je refuse de fermer les yeux.
La décision sans retour

En rentrant ce soir-là, elle trouva Léo installé, détendu, comme si de rien n’était. La télé était allumée, il était affalé sur le sofa. Il la regarda à peine.
« T’as rien oublié ? », lança-t-il, un brin moqueur.
Camille esquissa un sourire. Un sourire calme, mais déterminé.
« Si. J’ai oublié l’essentiel. »
Puis elle monta dans la chambre. Sortit une valise. Et sans un mot, commença à y ranger ses affaires. Léo mit quelques instants à réaliser. Quand il accourut, affolé, il tenta de la retenir.
Mais elle recula.
« Non. Tu as choisi pour nous deux au moment où tu as cru que je n’écoutais pas. »
Et la tarte aux cerises, alors ?
Elle est restée là, sur le comptoir, inachevée mais pleine de symboles. Ce jour-là, Camille n’a servi aucun dessert. Elle s’est offert le luxe de sa dignité. Et c’est sans doute le plus beau cadeau qu’elle se soit jamais fait.
Parfois, un simple oubli nous ramène à nous-mêmes.
